La mission Fas’Eau organise les 17 et 18 octobre 2019 à Ouagadougou, un atelier d’échanges et de formation sur « l’Approche fondée sur les droits humains » (AFDH) liée à l’eau et de l’assainissement à l’endroit des représentants des partis politiques et des membres de commission de l’Assemblée nationale.
Le Burkina Faso a inscrit le droit à l’eau et à l’assainissement dans sa Constitution en novembre 2015. Dans son programme politique, l’engagement du président du Faso Roch Marc Christian Kaboré à travers la mesure « zéro corvée d’eau » au Burkina Faso, occupe une place de choix. Cet engagement a été traduit dans l’axe 2 du Programme national de développement économique et social (PNDES) qui porte sur le développement du capital humain. Il vise en son objectif stratégique notamment, l’amélioration du cadre de vie, l’accès à l’eau, à l’assainissement et aux services énergétiques de qualité. Malgré les efforts consentis par le gouvernement, l’accès à l’eau potable, aux services d’hygiène et à l’assainissement n’est pas chose aisée. D’où la tenue de cetatelier d’échanges et de formation sur l’Approche fondée sur les droits humains(AFDH) liée à l’eau et de l’assainissement à l’endroit des représentants des partis politiques, et des membres de commission de l’Assemblée nationale, le 17 et 18 octobre 2019 à Ouagadougou. Selon le coordonnateur de la mission Fas’Eau Arnauld Adjagodo, en dépit des efforts de la constitutionalisation du droit à l’eau et ceux du gouvernement, les taux d’accès à l’eau et à l’assainissement sont respectivement de 74% et 22,6% avec des disparités criantes entre le milieu urbain et celui rural. En matière d’eau potable, le milieu urbain est à 91,1% du taux d’accès, tandis que le milieu rural plafonne à 67,3%. Pour ce qui est de l’assainissement, le taux en milieu urbain s’établit à 32,8% alors que le milieu rural fait à peine 16,4% d’accès. « Cela veut dire qu’environ 85% de personnes défèquent toujours à l’air libre en milieu rural », a-t-il déploré.
Intégrer les principes dans les actions
A en croire le coordonnateur de la mission Fas’Eau, une étude sur les connaissances en matière d’aptitude et pratique sur les droits humains liés à l’eau et à l’assainissement réalisée en 2018 dans les communes pilotes à savoir Dédougou, Nouna et à Ouagadougou, a révélé que peu d’acteurs du secteur ont une connaissance assez approfondie sur l’AFDH leur permettant d’intégrer les principes dans leurs actions en matière de service d’eau et d’assainissement. « C’est en tenant compte de ces lacunes qu’un module de formation a été élaboré par la mission Fas’Eau et axé sur les aspects théoriques de base et d’applications pratiques pour assurer la formation des débiteurs d’obligation et de détenteurs de droits dans les zones pilotes », a-t-il justifié.Il a remercié le Réseau des parlementaires pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement (REPHA-BF) pour la collaboration qui accompagne la mission à faire le plaidoyer. Car pourArnauld Adjagodo,les ressources consacrées au secteur sont en régression avec moins de 50 milliards F CFA en 2019 dans le budget national. Alors qu’il faut a-t-il fait savoir, une moyenne d’investissement de 187 milliards de F CFA si l’on veut atteindre l’Objectif de développement durable 6 (ODD6) au Burkina Faso. « Si rien n’est fait, l’ambition zéro corvée d’eau à l’horizon 2020 voulu par le président du Faso et l’ODD6 seront un horizon fuyant en 2030 », a-t-il rappelé. Pour le coordonnateur duREPHA-BF, le député Alidou Sanfo, le réseau constitué de députés de tous les bords politiques depuis sa création en 2016 s’est fixé pour mission de contribuer à la sensibilisation, à l’amélioration des connaissances, à l’information et à la formation des acteurs sur les questions d’eau potable et de l’assainissement. Il a indiqué que les partis politiques étant au début et à la fin des processus des politiques publiques, leREPHA-BF a voulu cette rencontre d’échanges et formation sur l’AFDH pour mieux situer les représentants des partis politiques sur la problématique des droits humains dans le secteur de l’eau et de l’assainissement afin qu’ils puissent tenir compte dans leurs différents plans, projets et programmes. « Le présent atelier devrait permettre aux participants d’identifier, de lever les obstacles liés à l’opérationnalisation de l’AFDH… dans le secteur de l’eau et de l’assainissement et de proposer éventuellement des pistes d’action pour la valorisation des connaissances acquises», a-t-il déclaré.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO